Citoyens hors de la ville, prudence !

Publié le 27 Octobre 2009

D’ordinaire je n’aime pas tellement les jeux flash sur Internet. On fait vite le tour des clones de jeu d’élevage à la Labrute ou des Tower-Defence. Mais quand même, pour qu’une exception confirme toujours la règle, il en est un qui est particulièrement travaillé. Et paradoxalement par la même équipe qui a créé Labrute. Ce jeu, à l'ambiance croisée entre Mad-Max et Fallout, bourré d'humour et de références c’est HORDES.

 

 

 

 

Le principe de Hordes est simple : vous entrez dans une ville de rescapés à une catastrophe mondiale. Vous devez survivre à une invasion de zombies qui vous dévoreront immanquablement à la fin. Le but du jeu étant de survivre le plus longtemps possible.

 

Pour cela il vous faudra construire des bâtiments. Heureusement et malheureusement vous n’êtes pas seuls puisque trente-neuf autres internautes viendront vous prêter main-forte. Il va très vite falloir s’entendre via le forum de ville mis à votre disposition, car les ressources nécessaires à votre survie se trouvent dans le désert, dehors, gardé par les morts-vivants. Certains devront partir en expédition. Groupés, puisque si un citoyen peut garder le contrôle d’une zone face à deux zombies, il se retrouvera coincé si les bestioles sont plus nombreuses. Et à moins de sacrifier ses trop rares points d’actions pour espérer détruire une créature ou recevoir l’aide de ses camarades, celui-ci restera bloqué jusqu’à minuit, heure fatidique ou les monstres prennent la ville d’assaut. A minuit, tous les joueurs hors de la ville sont tués. Et la ville elle-même a tout intérêt à être bien préparée. Le travail d’équipe est indispensable, et les joueurs se doivent d’être coordonnés pour leurs expéditions, une erreur se montrant facilement fatale. Heureusement la mort n'est qu'une étape de Hordes, et le jeu vous propose de vous réincarner immédiatement dans une autre ville après votre décès.

 

Le jeu est donc centré non pas sur l’extermination des zombies mais sur la coopération des joueurs pour survivre dans leur ville. Car le danger vient de partout. Des morts-vivants évidemment, mais aussi de la soif car l’on peut mourir de déshydratation et le puits de départ est limité. Il viendra également et parfois surtout des autres joueurs, qui peuvent vous trahir au dernier moment pour être le dernier survivant et ainsi gagner d’importants bonus lors de la partie suivante, en plus d’une distinction qui s’affichera sur son profil, appelé "Âme". Le tout rappelle avec une efficacité surprenante les groupes de héros dans les films d’horreur de série Z, qui sont toujours eux-mêmes la cause de leur perte. Dans chaque ville vous trouverez vos héros, vos leaders, vos idiots… et vos traîtres.

 

 

Hordes : Toutes les routes mènent à la mort.

 

Vous disposez de six points d’action journaliers. Ceux-ci peuvent être répartis basiquement pour chercher des ressources en fouillant le désert ou pour avancer la construction d’un bâtiment. D’autres utilisations sont plus ponctuelles et souvent réservées aux situations critiques : tenter d’exterminer un zombie à mains nues ou frapper un autre joueur en espérant le blesser (toute blessure non soignée, et j’aime autant vous dire que les soins sont rarissimes, entraîne l’infection puis la mort). Six points d’actions c’est très peu, aussi vous pouvez les renouveler après les avoir utilisé en buvant de l’eau, en mangeant une nourriture saine, et en vous droguant (selon la drogue). Attention cependant à ne pas finir toxicomane, sous peine de mourir s’il se passe une journée sans vous injecter.

 

Si ce n’était que ça, le jeu serait intéressant mais finalement pas passionnant. Mais la Motion Twin a apporté plein d’éléments qui augmentent les tensions entre les joueurs. Par exemple, la porte de la ville, qui doit absolument être fermée avant minuit. Sa fermeture coûte un point d’action. Qui sera le joueur qui va sacrifier son point et surtout prendra une telle responsabilité ? Dans un autre registre, des récompenses sont données à votre âme selon vos actions. Un petit dessin agrémentera celle-ci lors de l'utilisation de drogue, de construction ou de vol. La convoitise des titres associés à ces babioles en poussera plus d'un à mettre en péril la communauté. Aussi, pour être utilisées dans les chantiers publics, les ressources sont stockées dans une banque commune à laquelle tout le monde a accès. Mais ces ressources peuvent aussi être utilisées pour les défenses individuelles des joueurs. Qui donc a volé une planche et un écrou dans la banque cette nuit ? Hey ! Et qui a volé, dans ma maison à moi, ma lampe de chevet qui rapport +2 points de décorations ! Qu’il se dénonce !

 

Sans parler du fait qu’un chantier ne peut être rapidement finit que si tout le monde investit ses points d’actions sur lui, ce qui est curieusement plus facile à dire qu’à faire. Il n’est pas rare de voir un chantier dispensable (par exemple, la Potence) être terminé alors qu’on comptait bien sur un autre (par exemple, la Muraille Améliorée) pour vivre une journée de plus. Donc, ça gueule, ça s'allie, ça fermente des complots, ça se soupçonne, ça menace, ça bannit.

 

Car la sanction principale de Hordes est le bannissement. Celui-ci ne dure évidemment que le temps de la partie et son fonctionnement est trivial. Vous avez le droit de porter un certain nombre de plaintes anonymes. Lorsqu’un joueur totalise huit plaintes contre lui, il est dit bannit de la communauté. Ses objets importants sont restitué à la banque commune, il ne peut plus utiliser qu’une seule ration par jour au puits, il est marqué au fer rouge, et évidemment ne peut plus se servir des ressources de la ville.  Si le joueur a le malheur d’être bannit alors que la Potence est construite, il est automatiquement pendu. Petite subtilité : un bâtiment permet de brûler le corps des morts en ville et les recycle en nourriture. Ne soyez donc pas étonné de voir des groupuscules bannir des concitoyens dans le seul but de prolonger leur propre existence. C’est la loi de Hordes.

 

 

Cette interaction étroite et forcée entre internautes donne droit à des instants magiques. On côtoie ainsi de véritables héros avec lesquels on ressort in-extremis de situations à priori insolvables. Certaines personnalités se révèlent au grand jour. Je suis par exemple une fois tombé avec une véritable fasciste en puissance qui, pour être certaine de ne pas avoir de traître en ville, demandait à chacun des joueurs (qu’elle suivait à la trace on se demandait comment elle faisait) les justifications de ses actes, fut-il anodin. Parfois on a affaire à des leaders qui gèrent tout les projets à long terme de la ville, en bien ou en mal. Parfois, on tombe sur des doux connards et on jouit presque lorsqu’on parvient enfin à le bannir ou, encore meilleur, à refermer les portes de la ville sous son nez alors qu’il est encore dehors, à minuit mois dix. On peste, mais ces salauds sont l'essence même de ce qui fait Hordes.

 

Hordes c’est un jeu qui propose une variété de satisfactions. Celle d’avoir réussi une expédition riche en rebondissement. Celle d’avoir fait tenir une ville plus de vingt jours. Celle d'avoir éclaté dix zombies de suite. Celle d’avoir réussi à tenir une ville une dizaine de jour avec une dizaine de personne sur-motivée alors que celle-ci avait été condamnée par le nombre initial de débiles morts dehors. Celle d’avoir accédé à un nouveau titre ou une nouvelle décoration dans le profil.

 

Hordes est donc véritablement une expérience humaine riche et intéressante. C’est un jeu qui m’aura fait éprouver des sensations insoupçonnées, que même les jeux massivement multi-joueurs ne m’ont pas fait ressentir. Car ici, les conséquences des actions d’un joueur sont absolument dramatiques et ne se résument pas à un coup critique porté sur un boss de fin de niveau. Il suffit d’un ou deux joueurs pour décider de votre mort si vous n’êtes pas attentif. Et lorsque, par le hasard des affectations, on retrouve un ancien camarade, c’est comme lorsqu’on retrouve un ancien soldat avec lequel on aurait survécu à une bataille terrible. Cette impression de se reconnaître un soir autour d’un feu de camp et de sourire en se souvenant d’un épique passé commun. En relisant l'historique de vos villes, en relisant les pseudonymes, et les messages que vos compagnons ont écrits à leur mort, vous revivrez peut-être certaines de ces aventures.

 

 

Hordes c’est mon jeu Flash. Essayez le temps d’une partie. Vous mourrez souvent au début, vous ferez des gaffes, vous demanderez des explications et de l’aide sur le forum de la ville. Mais le métier rentre, et il rentre vite. Et sans doute, un jour, vous reverrez ceux qui vous ont tout appris, et vous serez le dernier survivant de la partie. Vous accèderez au statut très convoité de héros et de ses monstrueux avantages. Et vous serez fiers.

 


Lien vers Hordes : lien

Lien vers Twinpedia, l’encyclopédie de Hordes : lien

Rédigé par Youe

Publié dans #Ludus

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R
<br /> Horde, ou comment rendre ludique les connards...<br /> <br /> ^^<br /> <br /> <br />
Répondre
Y
<br /> N'empêche qu'utiliser si bien la saloperie humaine comme mécanisme de base d'un jeu, 'fallait le faire.<br /> <br /> <br />